SECONDE MOITIÉ DU XVIe SIÈCLE                     257
Bien qu'on ait fort peu'de renseignements sur les ateliers parisiens de haute lice contemporains des derniers Valois, deux exemples prouvent que notre industrie rie cessa jamais de compter des représentants dans la capitale, même aux époques les plus sombres de notre histoire. Nous avons signalé déjà le texte du marché conclu, en 1555, entre Louis de Bourbon, cardinal archevêque de Sens et premier abbé commendataire de Saint-Denis, et Pierre du Larry, maître tapissier de haute lice, demeurant à Paris, pour l'exécution de six pièces destinées à la décoration de l'abbaye de Saint-Denis.
Une trentaine d'années plus tard, en 1586, les états de Bre­tagne, se voyant dans la nécessité de remplacer la tapisserie qui décorait leur salle d'assemblée et qui tombait de vétusté, s'adres­sèrent à un peintre de Paris, nommé Robert Peigné, pour le mo­dèle, et à un tapissier de haute lice de la même ville, pour l'exé­cution des six pièces nécessaires à cette décoration. La composition se borne à une décoration fort simple : des fleurs dè lis, des her­mines, des palmes, des chi lires et des écussons, rappelant sous toutes les formes l'alliance indissoluble, de la France et de la Bre­tagne. Une pareille besogne n'exigeait pas un ouvrier bien habile;, cependant messieurs des états n'auraient pas eu beaucoup plus de chemin à faire pour s'adresser à un maitre bruxellois. Les tapissiers de Paris jouissaient donc encore de quelque crédit. D'ail­leurs, pour que le travail de ces six pièces pût être terminé en peu de mois, comme cela eut.lieu, il fallait que l'atelier de Pierre du Moulin comptât un nombre respectable d'ouvriers. Le marché porte la date du 19 avril, et le dernier payement, qui implique la livraison complète de la tenture, est du 20 août suivant. Le prix est fixé à 4 écus d'or soleil l'aune; la dépense totale s'élève à 270 écus. La. tenture mesurait donc soixante-sept aunes envi­ron de superficie.
Nous avons dit que la veuve de Henri II, gràce aux goûts raffinés qu'elle devait à son origine et à son éducation, avait exercé une heureuse influence sur le développement des arts somptuaires et particulièrement de la haute lice pendant la durée de sa longue régence. Nous allons en fournir de nouvelles preuves.
Moulins, Orléans. — Dans un curieux rapport de Laffemas au roi Henri IV, il est dit formellement que, dès 1554, la reine avait songé à installer à Moulins une manufacture de tapisserie, et, à
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